L'effet cobra sur les marchés mondiaux : quand les incitations politiques se retournent

Malgré des sommets boursiers continus, des indicateurs précoces de récession clignotent en signe d'alerte. Une analyse de Bloomberg et de l’Institut des Libertés pointe des préoccupations majeures de surévaluation, notamment dans le secteur technologique où la capitalisation boursière de NVIDIA, à 2,2 trillions de dollars, représente un risque de concentration extrême.

Les goulots d'étranglement énergétiques posent des menaces immédiates à la durabilité de l'IA. La demande d'électricité des centres de données devrait augmenter de 160 % d'ici 2030, selon McKinsey, tandis que l'infrastructure du réseau reste inadéquate. L'Agence internationale de l'énergie prévient que les contraintes énergétiques pourraient limiter le déploiement de l'IA, indépendamment de la disponibilité des puces.

L'effet cobra se manifeste le plus clairement dans la politique des semi-conducteurs. Les restrictions à l'exportation mises en place en octobre 2022 et renforcées jusqu'en 2024 visaient à empêcher l'accès de la Chine aux puces IA avancées. Cependant, ces mesures pourraient accélérer le calendrier de l'innovation domestique chinoise plutôt que de le retarder.

La réponse de la Chine aux restrictions technologiques américaines illustre l'effet cobra en temps réel. Plutôt que de limiter le développement, les contrôles à l'exportation ont déclenché des investissements massifs de l'État dans des alternatives nationales.

Les investissements dans l'énergie nucléaire créent un avantage stratégique. La Chine prévoit de mettre en service 150 nouveaux réacteurs nucléaires d'ici 2035, fournissant une énergie bon marché et fiable pour les opérations d'IA énergivores. Cela contraste fortement avec les contraintes du réseau américain et la volatilité énergétique européenne.

Cambricon Technology, le principal concepteur de puces IA en Chine, a reçu 500 millions de dollars de soutien étatique en 2024. Combiné à des ressources énergétiques abondantes, cela positionne les entreprises chinoises pour potentiellement dépasser, plutôt que simplement rattraper, les leaders technologiques américains.

Les restrictions sur les semi-conducteurs ont créé un concurrent plus dangereux, note le Dr Wei Zhang, chercheur en politique technologique à l'Université de Pékin. Le capital étatique et la sécurité énergétique pourraient produire des capacités dépassant les offres américaines actuelles d'ici cinq ans.

L'Inde démontre que des fondamentaux structurels, et non des incitations à court terme, stimulent une croissance durable. L'économie continue de croître à 6,7 % par an dans des secteurs diversifiés, y compris les services, la fabrication et les infrastructures.

La stabilité énergétique offre un avantage concurrentiel. Malgré la volatilité mondiale, la stratégie d'approvisionnement diversifiée de l'Inde et sa capacité de raffinage élargie maintiennent la stabilité des prix de l'énergie. Le pays traite le brut russe à des taux réduits tout en exportant des produits raffinés à l'échelle mondiale.

Pour les investisseurs internationaux, l'Inde offre une efficacité fiscale unique grâce à l'accord de double imposition avec Maurice, éliminant l'impôt sur les plus-values pour les investissements dans des fonds communs indiens. Cette structure permet aux investisseurs de capter des rendements composés à long terme sans charge fiscale.

La croissance de l'Inde est soutenue par la démographie, la technologie et maintenant par la GST 2.0. La réforme simplifie les taux d'imposition et réduit les coûts sur les produits essentiels, visant à renforcer la consommation des ménages et l'efficacité des entreprises. Bien que les flux spéculatifs restent un risque, la GST 2.0 pourrait offrir une base plus solide pour une résilience à long terme.

L'approche de l'Inde évite totalement l'effet cobra, explique Radhika Gupta, PDG d'Edelweiss Asset Management. La croissance provient des améliorations de la productivité et des avantages démographiques, et non d'un stimulus artificiel qui crée des problèmes futurs.

Ici, l'effet cobra pourrait se manifester si des afflux excessifs de capitaux spéculatifs gonflent des bulles d'actifs plutôt que de renforcer les fondamentaux.

La diversification énergétique soutient la résilience : bien que l'Inde dépende encore des importations, son mix croissant d'énergies renouvelables et de gaz naturel aide à équilibrer la volatilité.

Les marchés des cryptomonnaies présentent leurs propres dynamiques d'effet cobra. La domination du Bitcoin a attiré des capitaux spéculatifs, tandis que les stratégies de trading algorithmique génèrent des rendements ajustés au risque supérieurs avec moins de volatilité.

Les fonds crypto quantitatifs utilisant l'arbitrage piloté par l'IA et la couverture adaptative ont généré des rendements annuels moyens de 47 % depuis 2023, contre 23 % pour le Bitcoin avec des baisses significativement plus élevées, selon les données de Cambridge Digital Assets.

Le risque : une focalisation excessive sur les jetons spéculatifs pourrait éroder la confiance institutionnelle, tandis que des approches algorithmiques disciplinées pourraient devenir la base durable pour l'allocation d'actifs numériques.

Pourtant, certaines stratégies algorithmiques revendiquent des rendements dépassant la trajectoire du Bitcoin, se présentant comme le « cobra royal » des actifs numériques. La question clé demeure : ces innovations domptent-elles la volatilité ou amplifient-elles les risques systémiques ?